Le désherbage
La production de pastèques de qualité exige un désherbage efficace. Les mauvaises herbes concurrencent les plants en termes de lumière, espace, nutriments et en particulier d'eau. La prolifération des mauvaises herbes encourage l'apparition des maladies et des parasites. Comme la pour plupart des cultures, les mauvaises herbes doivent être éliminées dés leur apparition. De plus, la pastèque étant une plante rampante, il est difficile de sarcler ou désherber une fois les tiges sarmenteuses développées.
Il est important d'identifier les mauvaises herbes dès leur apparition car elles sont plus facilement éliminées et souvent c'est le seul moment ou elles peuvent être détruites.
La croissance des cultures est un autre facteur de taille. Des cultures saines et vigoureuses vont surpasser et anéantir d'elles-mêmes les mauvaises herbes. Une fertilisation adaptée, un contrôle constant des maladies, des nématodes et des insectes permettront aux plantes de bien se développer et participeront à la non-prolifération des mauvaises herbes.
Plusieurs chercheurs ont affirmé que les mauvaises herbes jouent un rôle important dans la l'apparition et la prolifération des virus s'attaquant aux plantes. Les graines de ces mauvaises herbes peuvent abriter un virus qui s'activera l'hiver passé.
Lors d'études menées en Malaisie pour détecter, parmi les plantes nuisibles, le virus de la mosaïque du concombre (le CMV), on a trouvé ce virus dans de nombreuses espèces de mauvaises herbes telles que l' Ageratum conyzoides et la Crotalaria spp . Dans une autre étude, on a décelé la présence du virus de la mosaïque de la courge (SqMV) dans les A. conyzoides, Cleome rutidosperma, Croton hirtus, Euphorbia hirta , Euphorbia prunifolia, Eupatorium odoratum, Hyptis brevipes et Mikania micrantha et celui de la mosaïque de la courgette jaune dans les A. conyzoides et Wedelia trilobata . On a trouvé, dans un seul échantillon d' A. conyzoides , des SqMV et des ZYMV , et le SqMV et le CMV dans une E. hirta et une E. odoratum .
Méthodes de désherbage
Il existe plusieurs méthodes de désherbage. Le cultivateur va choisir la méthode la plus adaptée en fonction des espèces de mauvaises herbes, de leur croissance, du stade de développement des cultures, du coût de la main d'œuvre et du personnel disponible.
Le désherbage manuel est très efficace et sûr pour les cultures. Le désherbage doit être effectué lorsque les mauvaises herbes apparaissent car on peut facilement les biner sans causer de dommage aux cultures. Retirer les mauvaises herbes très développées avec des racines étendues peut endommager les racines des cultures ou leurs tiges rampantes. Cependant, il faut noter que le désherbage manuel est coûteux en terme de main d'œuvre.
La méthode de culture mécanique, qui consiste à retourner la terre mécaniquement, est très efficace mais ne se limite qu'aux petites mauvaises herbes pouvant être recouvertes ou dont les racines peuvent être arrachées sans difficulté. Il est important de noter que cette méthode ne peut être appliquée lorsque les cultures ont commencé à ramper. Les tiges sont tendres et fragiles, les roues de tracteurs ou les rotoculteurs peuvent facilement dégrader les cultures. Cette méthode doit être complétée par un désherbage manuel ou chimique pour éliminer les mauvaises herbes dans les rangs ou après que la plante a commencé à ramper.
La technique du faux semis sur planches d'ensemencement implique l'utilisation d'herbicides chimiques sur les mauvaises herbes avant que les cultures n'apparaissent. Un herbicide non-sélectif est utilisé, par exemple le alachlor vaporisé à un taux de 4 litres par hectare.
La technique du faux semis sur planches d'ensemencement est souvent accompagnée d'un traitement par herbicides de pré-semis. Si les cultures sont repiquées, cette méthode est appliquée pour détruire les mauvaises herbes émergentes. Pour les semis directs, on traite avec un herbicide les mauvaises herbes émergentes après plantation mais avant levée.
Le paillage du sol au moyen de bâches plastiques avec une irrigation au goutte à goutte donne de bons résultats contre les mauvaises herbes. Le paillis permet de réduire la perte des nutriments due au lessivage (cf. lixiviation ), particulièrement pour les sols sableux et bien drainés.
Le lessivage est le déplacement des solutions nutritives par percolation hydrique lors de fortes pluies ou de l'irrigation. Les nutriments qui s'écoulent au-dessous de la zone des racines de la plante ne seront plus à sa disposition et contamineront l'eau souterraine.
Il est conseillé d'utiliser un plastique noir ou non translucide, car celui-ci ne laisse pas passer la lumière nécessaire à la germination et au développement des mauvaises herbes. En Malaisie, on utilise souvent un plastique noir avec un côté argenté pour les paillis. Le plastique qui recouvre le lit de semences doit être correctement appliqué et scellé pour éviter que le vent ne le fasse battre. Lors de la pose du paillis, il faut veiller à ce que le côté argenté soit placé face au ciel. Ce paillis peut être placé manuellement ou mécaniquement à l'aide d'une dérouleuse.
Lorsque le lit est recouvert, on pratique des petites ouvertures dans le plastique et on procède au repiquage ou au semis. Plus le trou sera petit plus on réduira le risque de développement des mauvaises herbes. Les zones entre les lits ne doivent être traitées qu'à l'aide d'herbicides adaptés aux cultures car leurs racines peuvent s'étendre jusqu'à ces espaces et entrer en contact avec les sols traités.
La taille
Tailler la tige rampante permet d'obtenir des fruits d'un même calibre. Ceci réduit la période de récolte car les fruits mûrissement tous en même temps. La tige principale est taillée au sixième ou septième nœud lorsque les plants ont 15-20 jours.
L' irrigation
L'eau est un facteur crucial pour la culture de la pastèque. Une pastèque mûre est composée de 90% d'eau. L'apport en eau est très important pour optimiser le rendement et la qualité des fruits.
Une carence en eau pendant l'implantation retarde la maturité et peut être la cause d'une production irrégulière. Un manque d'eau pendant les débuts du stade végétatif peut réduire la surface des feuilles et le rendement. Si la plante manque d'eau pendant la floraison et la formation des fruits, le rendement sera sérieusement affecté.
Différents types d'irrigation sont adaptés à la culture de la pastèque. Le choix de la méthode d'irrigation sera basé sur un ou plusieurs facteurs listés ci-dessous :
- équipement à disposition,
- forme et taille de la parcelle,
- quantité et qualité de l'eau disponible,
- exigences en main d'œuvre,
- exigences en d'énergie,
- coût.
Les arroseurs
Parmi les différents systèmes, on trouve l'irrigation par pivot central (Cf. pivot de centre ), la rampe d'arrosage, le canon mobile, le système permanent et les tubes d'amenée d'eau portatifs en aluminium avec arroseur. Tous ces systèmes sont adaptés si on les utilise correctement. Cependant, il existe des différences notables entre eux en termes de coût initial et des besoins en main d'œuvre.
Un système d'arrosage adapté à la culture de la pastèque doit être capable de fournir au moins 2,5 cm d'eau tous les quatre jours. De plus, le système d'arrosage doit distribuer l'eau de façon à éviter tout ruissellement. Pour la plupart des sols, un taux inférieur à 5cm par heure évite cette perte d'eau.
Les systèmes d'arrosage assurant une bonne uniformité (irrigation par pivot central/ pivot de centre et rampe) peuvent distribuer des fertilisants. Ce système accroît l'efficacité des fertilisants en les rendant disponibles immédiatement pour les plantes, on évite ainsi tout problème de lessivage (Cf. lixiviation ).
L'irrigation aérienne n'est pas conseillée avec les paillis en plastique. Cependant, quand on utilise des paillis en plastique, il est bon que ce paillis soit plus étroit de (30 à 60 cm) afin que l'eau puisse atteindre les racines. Des lits plus larges (au-delà de 60cm) posent des problèmes, notamment sur sols sableux ou les écoulements latéraux de l'eau sont restreints.
Le goutte à goutte
C'est un système de plus en plus populaire pour la culture de la pastèque. On peut l'utiliser avec ou sans paillis en plastique. Un de ses plus gros avantages est la gestion de l'eau si utilisé correctement. Une étude menée en Floride (Etats Unis) a démontré que pour la culture des légumes l'irrigation au goutte à goutte requiert 40% moins d'eau que les systèmes d'irrigation aérienne. Les mauvaises herbes sont moins abondantes car seules les rangées sont arrosées et les interlignes restent secs. Certaines études ont également mis en avant le lien entre l'irrigation au goutte à goutte et une récolte précoce et des fruits plus gros.
Les goutteurs (gaines ou tubes) distribuant l'eau au goutte à goutte peuvent être installés à la surface ou bien enterrés juste au-dessous de la surface. Lorsque l'on utilise un paillis plastique et un système de goutte à goutte, les deux peuvent être installés au même moment. Il faut veiller à positionner les goutteurs légèrement excentrés afin qu'ils ne soient pas détériorés lorsque l'on perce les ouvertures dans la bâche plastique et que l'on repique les plants. On installe généralement un tube sur chaque rang.
Les systèmes d'irrigation au goutte à goutte permettent également de distribuer des engrais. Ainsi les plantes sont alimentées en nutriments par le sol selon leurs besoins. Cette méthode permet de ne pas avoir à effectuer d'importants épandages d'engrais en début de saison. L'engrais a tendance à descendre plus bas que le niveau des racines des cultures et peut ainsi polluer les sols. Seuls des engrais hydrosolubles peuvent faire l'objet d'une distribution par le système d'irrigation au goutte à goutte. Le système doit être abondamment rincé après chaque opération de ce type.
L'eau approvisionnant le système d'irrigation doit être filtrée pour être libre de toute particule pouvant obstruer les goutteurs. L'eau doit être testée pour vérifier la présence de minéraux pouvant causer l'obturation du système.
Le programme d'irrigation
L'évapotranspiration ou ET correspond à l'eau transpirée par les cultures et évaporée du sol. Pour la pastèque, on a calculé des taux de ET atteignant les ¾ cm par jour. Le stade de croissance des cultures, la température, l'humidité relative, les radiations solaires, le vent et l'espace entre les plantes affectent l'ET.
Voici une liste de recommandations générales pour l'irrigation aérienne des cultures :
- De la plantation jusqu'au moment où les plantes commencent à ramper: 1¼ cm dés que les 15 cm de la couche supérieure du sol s'assèchent (tous les 5 à 6 jours en cas de temps sec).
- Du moment où les plantes commencent à ramper jusqu'à la première floraison: 2 cm tous les 5 jours durant temps sec. Si les plantes flétrissent avant midi, augmenter la fréquence d'irrigation.
- De la première floraison à la récolte : 2,5 cm tous les quatre jours durant temps sec. Sous des températures élevées, de plus de 35°C, la fréquence peut être augmentée à tous les trois jours pour prévenir tout manque d'eau.
Afin d'éviter tout manque, les sols sableux peuvent avoir besoin d'eau plus fréquemment mais en quantités moindres que les sols plus lourds.
Les systèmes d'irrigation au goutte à goutte doivent fonctionner plus souvent que les arroseurs. Généralement, ils fonctionnent tous les jours ou un jour sur deux. Il vaut veiller à ne pas distribuer trop d'eau, particulièrement si des paillis en plastique ont été posés, ceux ci conservent le sol frais.
Voici une liste de recommandations générales pour les cultures irriguées par le goutte à goutte et munies de paillis en plastique :
- De la plantation jusqu'au moment où les plantes commencent à ramper , faire fonctionner le système du goutte à goutte 15-20 minutes le matin et 15 minutes le soir.
- Du moment où les plantes commencent à ramper jusqu'à la première floraison: irriguer de 20 à 25 minutes le matin et 20 minutes en fin de soirée.
- De la première floraison à la récolte: 25 à 30 minutes le matin et 30 minutes en fin de soirée.
Activer le goutte à goutte un jour sur deux pour les terrains argileux ou lourds. Pour des sols plus légers, comme des marnes sableuses ou argileuses, les besoins d'irrigation sont quotidiens. Ne pas irriguer en cas de pluie lorsque les 15cm de la couche supérieure du sol sont mouillés. Reprendre l'irrigation après deux à trois jours sans pluie pour les sols lourds. Pour les sols plus légers, reprendre l'irrigation dès qu'il ne pleut plus.
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